lundi 16 septembre 2013

LE SPECTACLE



La Clinique des Aveuglés


L'humanité a perdu son rythme”









ACTEURS: Carolina Albano, Fabio Ezechiele Sforzini, Julia Filippo, Luca Vonella, Sofie Sontheimer, Sonja Birgit Berg, Valerio Peroni.

DRAMATURGIE ET MISE EN SCENE: Pierangelo Pompa.


MUSIQUE: Laboratorio di Altamira et Fabio Ezechiele Sforzini à partir de matériaux traditionnels et modernes.

TEXTES: Pierangelo Pompa, La Buona Novella di Daniele Aristarco e citations.

LANGUES: les textes principaux du spectacle sont en italien ou en anglais, suivant le pays où il est présenté. Les autres langues utilisées sont l'espagnol, l'allemand et le français.

DUREE: environ 65 min.

CONSEIL LITTERAIRE: Daniele Aristarco.

CONSEIL MUSICAL: Frans Winther
LUMIERES: Laboratorio di Altamira.

SCENOGRAPHIE: Laboratorio di Altamira.

COSTUMES: Laboratorio di Altamira.

PRODUCTION: Laboratorio di Altamira. Spectacle crée en coproduction avec le Nordisk Teaterlaboratorium.

FICHE TECHNIQUE: en cours.

DEBUT DES REPRESENTATIONS: Holstebro (Danemark), 11 et 12 février 2014.





L'ENFANT NOIR

note de mise en scène



Personnages:


le Docteur

les trois Aveuglés

les trois Ombres


Au départ c'était un rêve, vif comme une révélation: une foule d'aveuglés qui a perdu son propre rythme. Puis au songe s'ajoute le souvenir: ce berceau bleu, enseveli sous la neige dans les montagnes de l'Italie centrale. La Clinique des Aveuglés naît du court-circuit entre un rêve et un souvenir, et du visage défait d'une génération au coeur hors d'usage, arrivée trop tard pour croire encore aux vieilles illusions mais trop tôt pour les avoir déjà oubliées et pouvoir les réinventer. La Clinique des Aveuglés est un spectacle sur le désenchantement et la technique perdue de suivre une étoile. Il parle du peu d'enfants encore vivants sous les décombres d'une maturité sans espoir.




Hiver.
Vie quotidienne, peut-être dans un centre de santé mentale.
Avec les yeux grands ouverts mais le regard irrévocablement tourné vers l'intérieur, évoluent à tâtons les Aveuglés, suivant les trajectoires cryptées d'une vision accessible seulement à eux-mêmes.
Quelqu'un est resté aveuglé par la rage, ou par un rêve d'amour. Quelqu'un s'est laissé éblouir par le charme moqueur d'une utopie et quelqu'un d'autre, comme Œdipe, s'est crevé les yeux pour mieux échapper à son propre échec. Le répertoire des éblouissements est vaste.
Immobilisés dans la zone de l'attente, ils fixent un instant qui est venu à manquer, ressassent d'héroïques prophéties devenues ridicules.
Le livre se tait, l'étoile se cache, le futur semble n'être pas prévu. Même Godot a explicitement laissé entendre qu'il ne vaut pas la peine de l'attendre.
Il reste une Babel de pensées désordonnées, des labyrinthes de gestes grotesques et improbables, élans vers l'invisible où les autres sont seulement le support d'une obsessive cérémonie privée.

Le Docteur pleure des chants anciens, comme un père orphelin de ses propres enfants. Dans l'air froid épaissi par le silence, flotte l'écho boîteux d'un rêve qui fut.

Mais chaque Aveuglé a une ombre qui le suit et couvre ses épaules: infirmier de l'invisible, miroir noir et fantôme indulgent, l'ombre donne le bras à l'Aveuglé, lui suggère le chant, cherche à lui réapprendre le chemin.

Le Docteur scrute la scène, silencieux. Peut-être a-t-il quelque chose en tête.

En fait, la mélodie lointaine n'est peut-être pas tout à fait perdue. Le délire des Aveuglés retrouve pas à pas sa propre syntaxe. Sous la guidance d'une ombre enfant, elle révèle une danse dissimulée. La Babel des murmures peut se transformer en un tendre refrain de révolte. Derrière la routine d'une soupe chaude se célèbre, peut-être, une imprévisible nativité.
Et l'enfant noir nous réapprend à marcher.




Un ami écrivain, qui a vu certains matériaux du spectacle, a écrit ses premières réactions:

Nous sommes les héritiers d'une parole orpheline, errante, exilée, une parole qu'en vain nous avons cherché à dominer, sans suspecter qu'elle nous aurait renvoyé chaque fois à notre solitude.
Dans cette solitude s'ouvre l'espace, paradoxalement commun, dans lequel célébrer nos parcours inconciliables, invisibles pour l'autre, désespérément parallèles, ou peut-être que tous ensemble nous traçons un unique sillon, le long du chemin d'une pensée, une seule et obsessionnelle pensée. Et dans le même temps nous consumons l'atrophie de tout ce qui est humain […]
J'ai beaucoup pensé à votre travail et à la force de certaines images, de la situation initiale, d'une certaine atmosphère.
Je vous conseillerais de cultiver le mystère et la crainte de l'homme face à son propre soi. Mais il s'agit d'une crainte pas si différente de l'arthrite [...]”





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