La
Clinique des Aveuglés
“L'humanité
a perdu son rythme”
ACTEURS: Carolina Albano, Fabio
Ezechiele Sforzini, Julia Filippo, Luca Vonella, Sofie Sontheimer,
Sonja Birgit Berg, Valerio Peroni.
MUSIQUE:
Laboratorio di Altamira et Fabio Ezechiele Sforzini à partir de matériaux traditionnels et
modernes.
TEXTES: Pierangelo Pompa, La Buona Novella di Daniele Aristarco e citations.
LANGUES: les textes principaux du
spectacle sont en italien ou en anglais, suivant le pays où il est
présenté. Les autres langues utilisées sont l'espagnol, l'allemand
et le français.
DUREE: environ 65 min.
CONSEIL LITTERAIRE: Daniele
Aristarco.
CONSEIL MUSICAL: Frans Winther
CONSEIL MUSICAL: Frans Winther
LUMIERES: Laboratorio di Altamira.
SCENOGRAPHIE: Laboratorio di Altamira.
COSTUMES: Laboratorio di Altamira.
PRODUCTION: Laboratorio di Altamira.
Spectacle crée en coproduction avec le Nordisk Teaterlaboratorium.
FICHE TECHNIQUE: en cours.
DEBUT DES REPRESENTATIONS: Holstebro
(Danemark), 11 et 12 février 2014.
L'ENFANT NOIR
note de mise en
scène
Personnages:
le Docteur
les trois Aveuglés
les trois Ombres
Au départ c'était
un rêve, vif comme une révélation: une foule d'aveuglés qui a
perdu son propre rythme. Puis au songe s'ajoute le souvenir: ce
berceau bleu, enseveli sous la neige dans les montagnes de l'Italie
centrale. La Clinique des Aveuglés naît
du court-circuit entre un rêve et un souvenir, et du visage défait
d'une génération au coeur hors d'usage, arrivée trop tard pour
croire encore aux vieilles illusions mais trop tôt pour les avoir
déjà oubliées et pouvoir les réinventer. La Clinique des Aveuglés
est un spectacle sur le désenchantement et la technique perdue de
suivre une étoile. Il parle du peu d'enfants encore vivants sous les
décombres d'une maturité sans espoir.
Hiver.
Vie quotidienne, peut-être dans
un centre de santé mentale.
Avec les yeux grands ouverts mais le
regard irrévocablement tourné vers l'intérieur, évoluent à
tâtons les Aveuglés, suivant les trajectoires cryptées d'une
vision accessible seulement à eux-mêmes.
Quelqu'un est resté aveuglé par la
rage, ou par un rêve d'amour. Quelqu'un s'est laissé éblouir par
le charme moqueur d'une utopie et quelqu'un d'autre, comme Œdipe,
s'est crevé les yeux pour mieux échapper à son propre échec. Le répertoire des éblouissements est vaste.
Immobilisés dans la zone de l'attente,
ils fixent un instant qui est venu à manquer, ressassent d'héroïques
prophéties devenues ridicules.
Le livre se tait, l'étoile se cache,
le futur semble n'être pas prévu. Même Godot a explicitement
laissé entendre qu'il ne vaut pas la peine de l'attendre.
Il reste une Babel de pensées
désordonnées, des labyrinthes de gestes grotesques et improbables,
élans vers l'invisible où les autres sont seulement le support
d'une obsessive cérémonie privée.
Le Docteur pleure des chants anciens,
comme un père orphelin de ses propres enfants. Dans l'air froid
épaissi par le silence, flotte l'écho boîteux d'un rêve qui fut.
Mais chaque Aveuglé a une ombre qui le
suit et couvre ses épaules: infirmier de l'invisible, miroir noir et
fantôme indulgent, l'ombre donne le bras à l'Aveuglé, lui suggère
le chant, cherche à lui réapprendre le chemin.
Le Docteur scrute la scène,
silencieux. Peut-être a-t-il quelque chose en tête.
En fait, la mélodie lointaine n'est
peut-être pas tout à fait perdue. Le délire des Aveuglés retrouve
pas à pas sa propre syntaxe. Sous la guidance d'une ombre enfant,
elle révèle une danse dissimulée. La Babel des murmures peut se
transformer en un tendre refrain de révolte. Derrière la routine
d'une soupe chaude se célèbre, peut-être, une imprévisible
nativité.
Et l'enfant noir nous réapprend à
marcher.
Un ami écrivain, qui a vu certains
matériaux du spectacle, a écrit ses premières réactions:
“Nous sommes les
héritiers d'une parole orpheline, errante, exilée, une parole qu'en
vain nous avons cherché à dominer, sans suspecter qu'elle nous
aurait renvoyé chaque fois à notre solitude.
Dans cette solitude s'ouvre l'espace,
paradoxalement commun, dans lequel célébrer nos parcours
inconciliables, invisibles pour l'autre, désespérément parallèles,
ou peut-être que tous ensemble nous traçons un unique sillon, le
long du chemin d'une pensée, une seule et obsessionnelle pensée. Et
dans le même temps nous consumons l'atrophie de tout ce qui est
humain […]
J'ai beaucoup pensé à votre travail
et à la force de certaines images, de la situation initiale, d'une
certaine atmosphère.
Je vous conseillerais de cultiver le
mystère et la crainte de l'homme face à son propre soi. Mais il
s'agit d'une crainte pas si différente de l'arthrite [...]”
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire